par Colin Standish, Co-Leader
MONTRÉAL, QUÉBEC – La communauté qui a donné naissance à Pascale Déry, l'actuelle ministre de l'Enseignement supérieur du Québec, commence à se demander pour qui elle se prend et si elle a la moindre idée de ce qu'est son travail, après s'être accrochée à elle et au projet de son gouvernement d'augmenter frais de scolarité pour les étudiants hors province qui souhaitent étudier dans des universités de langue anglaise. Et ces mêmes écoles craignent d’être piétinées.
Malgré le sursis accordé à l'Université Bishop's, Concordia et McGill mènent une bataille apparemment perdue d'avance, alors que le Goliath de Déry s'attaque de nouveau au David qu'est la communauté anglophone, affirmant que l'effet du plan sur les inscriptions et sur la viabilité économique des deux écoles est pourrait signifier leur chute.
La hausse prévue, qui cible injustement les institutions anglophones, entraînera des pertes de plusieurs dizaines de millions de dollars pour les deux universités. Mais Déry a clairement affirmé qu’elle s’en fiche. «Je ne commenterai pas les chiffres», a-t-elle déclaré devant la presse réunie à Québec la semaine dernière. "Mais ce que je vais dire, c'est que les mesures vont de l'avant."
La hausse de 33 % des frais de scolarité s'adresse aux étudiants hors province qui choisissent d'étudier aux universités McGill et Concordia plutôt que, disons, à l'UQAM, à l'Université de Montréal ou à d'autres universités françaises. L’objectif, selon le bureau de Déry, est de s’assurer que les étudiants non québécois maîtrisent mieux le français à la fin de leurs études (et de tenir compte des déséquilibres financiers apparents entre les universités francophones et anglophones). Le nouveau plan exige également que les élèves atteignent un certain niveau de français, sous peine de sanctions financières.
Selon le site Internet du gouvernement du Québec, le mandat du ministre de l'Enseignement supérieur – les responsabilités réelles de Déry – est « de soutenir la communauté étudiante et les établissements d'enseignement et de promouvoir l'enseignement supérieur afin d'apporter une contribution durable au développement économique, social et culturel du Québec. » La vision du ministère – encore une fois, selon son propre site Web – est « L’accès, la réussite et l’excellence pour tout l’enseignement supérieur, le moteur de tout ce que nous faisons ».
Non seulement Déry a contrevenu à son propre mandat – avec l’entière approbation de son patron et de ses collègues – mais, ce faisant, elle menace même l’éducation des étudiants francophones qui fréquentent les instituts d’enseignement supérieur anglophones.
Nous prétendons que Mme. Déry vit une crise d'identité qui la pousse à tourner le dos à sa propre communauté, non pas à celle qu'elle représente, mais à celle qu'elle appelle son chez soi (Déry est née et a grandi à Mont-Royal, a vécu un temps à Côte Saint-Luc et maintenant vit à Hampstead.).
Certes, elle ne doit rien à la communauté juive ni à la communauté anglophone. Mais tous deux auraient dû pouvoir s'attendre à mieux de la part de la première femme juive nommée au cabinet québécois, une femme qui avait siégé au conseil d'administration du CIJA – le Centre pour les affaires israéliennes et juives –, l'une des nombreuses organisations qui se sont prononcées contre le projet de loi 21 de son propre gouvernement. Serait-ce la raison pour laquelle elle a quitté cette organisation ? Ou était-ce son propre opportunisme ? Déry voulait devenir conservatrice fédérale lorsqu'elle a fait sa première incursion en politique. Elle a brigué l'investiture dans la circonscription de Mont-Royal, une circonscription traditionnellement libérale (la même circonscription pour laquelle son père, William, avait autrefois sollicité l'investiture libérale). Mais elle a perdu sa nomination au profit de Robert Libman. Elle a finalement rejoint la Coalition Avenir Québec et a remporté haut la main son siège à Repentigny, dans un quartier on ne peut plus éloigné de chez elle.
Aujourd’hui, les communautés auraient pu vouloir la revendiquer car les leurs se sentent trahies. Qu’importe ? Tant que Mme. Déry fait ce qu’il y a de mieux pour son parti. Et pour elle-même. Même au détriment de deux des meilleurs instituts d’enseignement supérieur du Canada.
À propos du Parti canadien du Québec :